Avant-propos

Après la parution en français de son incroyable premier roman, L'Enfermement d'Ojeda (Éditions Toute Latitude, novembre 2006) la nécessité de parler de Martín Murphy, de son oeuvre, de ses romans à venir s'est imposée d'elle-même.
Martín Murphy est prêt à échanger directement avec vous sur les thèmes qui lui tiennent à coeur, comme celui de la littérature sud-américaine dont on entend tellement peu parler dans l'hexagone.

Qui que vous soyez, n'hésitez donc pas à lui écrire un message !

mercredi 29 août 2007

Roberto Bolaño, un écrivain "mythe"

Les inédits de Martín Murphy - Octobre 2007
(Traduction Éditions Toute Latitude)


« Dans mon appartement de Londres, il n’y a guère plus de deux ou trois livres à la fois, qui sont ceux que je suis en train de lire. Le reste de mes livres est empilé dans le grenier de ma maison à Buenos Aires. Après avoir déménagé six fois en six ans je n’avais plus la force, l’espace, l’argent, ni même l’envie de m’encombrer avec eux. Heureusement j’ai un collègue sympa, lecteur insatiable s’il en est, qui m’a ouvert les portes de sa bibliothèque. Lorsque je termine un livre, il m’en apporte un autre.
Le dernier à être tombé entre mes mains c’était 2666, le roman que Roberto Bolaño a terminé d’écrire peu avant sa mort, en 2003. Je ne l’ai toujours pas fini, donc je préfère ne pas me prononcer à son sujet. Ce qui m’a surpris en recherchant sur Internet plus d’informations sur le roman, ça a été de découvrir que Bolaño était en train de se transformer en cette étrange figure qui est celle de l’écrivain/mythe...

Je me souviens que lorsqu’il est décédé en juin 2003, moi j’écrivais des articles en rapport avec l’Amérique latine. À ce moment-là, l’invasion de l’Irak était de loin le thème d’actualité le plus brûlant. Ce 14 juillet-là est arrivé une dépêche d’une agence de presse disant que l’écrivain chilien Roberto Bolaño venait de mourir à Barcelone, à l’âge de 50 ans. J’ai demandé à mon collègue – celui des livres – s’il connaissait ce certain Roberto Bolaño et il m’a dit qu’il en avait déjà entendu parler, mais qu’il n’avait jamais rien lu de lui. Inutile de dire que l’article que j’ai écrit sur sa mort n’a impressionné aucun éditeur et a fini par devenir une petite note rapidement oubliée.

Environ un an après, mon collègue m’a prêté Les détectives sauvages que j’ai trouvé génial. Mais à ce moment-là on ne savait toujours pas grand chose de Bolaño au-delà des cercles littéraires fermés. Maintenant, lorsque l’on fait une recherche avec son nom sur Google, en moins d’une seconde on reçoit 719.000 résultats. Il existe des blogs sur Bolaño, des vidéos sur YouTube, des flopées de photos, et son œuvre a été le thème central de divers suppléments littéraires.

Non seulement on parle de ses livres, mais aussi de sa vie, des lieux qu’il fréquentait lorsqu’il vivait au Mexique, de la fois où il a été gardien dans un camping, de ce qu’il a fait ou qu’il a cessé de faire parce qu’il est mort très tôt. Cela dit, ce qui a généré le plus de débats c’est sans aucun doute la qualité de son œuvre. Il y a des gens qui l’aiment, qui disent que c’est le plus grand qui soit apparu dans la littérature depuis García Marquez ; d’autres disent qu’il écrit toujours de la même manière, qu’il n’a pas de profondeur. Je me demande s’ils auraient dit la même chose de García Marquez à son époque.
Pour moi, Bolaño est un poète frustré, un mauvais poète peut-être, mais au sens inné de la narration, et qui possède, de même que García Marquez, un style unique, personnel. La question est de savoir si cela suffit pour devenir un mythe.


Martín Murphy en VO :


“En mi departamento de Londres no tengo màs que dos o tres libros a la vez, que son los libros que en ese momento estoy leyendo. El resto de mis libros quedó guardado en el desván de mi casa en Buenos Aires. Después de mudarme seis veces en los últimos seis años ya no tenía fuerza, espacio, plata ni ganas de cargar con ellos. Por suerte tengo un buen compañero de trabajo, ávido lector si los hay, que me ha abierto las puertas de su biblioteca. Cuando termino un libro, me trae otro.
El último que cayó en mis manos fue 2666, la novela que Roberto Bolaño terminó de escribir poco antes de que muriera en el 2003. Todavía no la terminé, así que prefiero no opinar al respecto. Lo que me sorprendió, al buscar por internet más información sobre la novela, fue descubrir que Bolaño se está convirtiendo en esa extraña figura que es la del escritor/mito...

Recuerdo que cuando falleció en julio de 2003 yo trabajaba redactando noticias que tuvieran que ver con América latina. Por entonces la invasión a Irak era por lejos el tema noticioso más candente. Ese 14 de julio llegó un cable de una agencia de noticias diciendo que el escritor chileno Roberto Bolaño acababa de morir en Barcelona a los 50 años. Le pregunté a mi colega, el de los libros, si conocía a ese tal Roberto Bolaño y me dijo que algo había escuchado hablar, pero que no había leído nada de él. De más está decir que la nota de su muerte que escribí no impresionó a ningún editor y terminó siendo una notita que rápidamente fue olvidada.

Alrededor de un año después mi colega me prestó Los Detectives Salvajes y me pareció genial. Pero aún entonces era poco lo que se sabía de Bolaño, más allá de los cerrados círculos literarios. Ahora uno hace una búsqueda con su nombre en Google y en menos de un segundo recibe 719.000 resultados. Existen blogs sobre Bolaño, videos en YouTube, fotos a raudales y su obra ha sido tema central de varios suplementos literarios.

Y no sólo se habla de sus libros, sino también de su vida, de los lugares que frecuentaba cuando vivía en México, de la vez que trabajó como guardia en un camping, de lo que hizo o dejó de hacer porque se murió muy temprano. Aunque lo que sin duda más debate ha generado es la cálidad de su obra. Hay gente que lo ama, que dice que es lo más grande que ha surgido en la literatura desde García Márquez ; otros dicen que siempre escribe igual, que no tiene profundidad. Me pregunto si lo mismo habrán dicho de García Márquez en su momento.
A mí Bolaño me parece un poeta frustrado, un mal poeta quizá, que narra como los dioses, y que tiene un estilo único, inconfundible, lo mismo que García Márquez. La pregunta es si eso alcanza para convertirse en un mito.”

© Martín Murphy 2007
© Editions Toute Latitude

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