Elqui Burgos est le coordinateur général du Prix Juan Rulfo.
Toute Latitude : M. Burgos, vous rappelez-vous du nombre de romans qui avaient été sélectionnés pour l’édition 2004 du Prix Juan Rulfo ?
Elqui Burgos : Oui, nous recevons environ 6000 manuscrits chaque année de partout dans le monde. La seule condition est que ce soient des œuvres courtes de fiction écrites en espagnol. De ces 6000, nous en retenons entre 400 et 600 pour le comité de lecture.
TL : C’est vous qui les lisez tous ? (rires)
EB : Oui, en effet, c’est moi qui suis chargé de faire la première sélection. Je lis les 6000 manuscrits chaque année.
TL : Incroyable !! C’est difficile à imaginer. Avec tous ces romans, vous rappelez-vous vos premières impressions après avoir lu L'Enfermement d'Ojeda ? Même si c’était il y a trois ans…
EB : Le roman m’a rappelé une nouvelle de Melville – l’auteur de Moby Dick, vous voyez – qui s’appelle Bartleby the Scrivener J’y ai trouvé une parenté spirituelle. Dans les deux histoires, le personnage principal est un bureaucrate, l’atmosphère créée est lourde, et le regard porté sur la réalité est noir. Inutile de dire que c’est un compliment.
TL : Mais… iriez-vous jusqu’à dire que son œuvre est cynique ?
EB : Non ! Car l’écriture n’est pas dévalorisée ; au contraire, c’est elle qui va l’aider à se soigner. Elle n’est pas dévalorisée. Ce qui est même formidable, c’est qu’une fois que l’écriture se termine, son problème est résolu, et le roman aussi. En fait on pourrait dire que la vie continue à faire sens tant qu’il continue à écrire. Et il n’arrête pas une seule fois de se battre. Il cherche du sens. L’écriture lui en apporte.
TL : Qu’est-ce qui vous a plu dans le roman de M. Murphy ? Sur le fond et la forme, j’entends ?
EB : Je l’ai trouvé d’une redoutable cohérence. Il est centré sur un seul personnage, l’histoire se déroule de façon linéaire, mais à chaque pas on avance un peu plus avant dans la folie du personnage, dans sa frustration. L’écriture est ce qui donne un sens à sa vie et… (rires) recourir à l’écriture pour se soigner – parce que c’est que fait Ojeda, non ? – c’est déjà une sorte de folie, vous ne trouvez pas ? Maintenant si on revient au style, je le trouve clair, heu… limpide. Ses phrases sont sans détour ; elles expriment ce qu’il est besoin d’exprimer.
TL : Elles sont franches ?
EB : Oui franches, directes.
TL : Merci infiniment, M. Burgos, d’avoir bien voulu me recevoir. Cet entretien a été très enrichissant.
Elqui Burgos : Oui, nous recevons environ 6000 manuscrits chaque année de partout dans le monde. La seule condition est que ce soient des œuvres courtes de fiction écrites en espagnol. De ces 6000, nous en retenons entre 400 et 600 pour le comité de lecture.
TL : C’est vous qui les lisez tous ? (rires)
EB : Oui, en effet, c’est moi qui suis chargé de faire la première sélection. Je lis les 6000 manuscrits chaque année.
TL : Incroyable !! C’est difficile à imaginer. Avec tous ces romans, vous rappelez-vous vos premières impressions après avoir lu L'Enfermement d'Ojeda ? Même si c’était il y a trois ans…
EB : Le roman m’a rappelé une nouvelle de Melville – l’auteur de Moby Dick, vous voyez – qui s’appelle Bartleby the Scrivener J’y ai trouvé une parenté spirituelle. Dans les deux histoires, le personnage principal est un bureaucrate, l’atmosphère créée est lourde, et le regard porté sur la réalité est noir. Inutile de dire que c’est un compliment.
TL : Mais… iriez-vous jusqu’à dire que son œuvre est cynique ?
EB : Non ! Car l’écriture n’est pas dévalorisée ; au contraire, c’est elle qui va l’aider à se soigner. Elle n’est pas dévalorisée. Ce qui est même formidable, c’est qu’une fois que l’écriture se termine, son problème est résolu, et le roman aussi. En fait on pourrait dire que la vie continue à faire sens tant qu’il continue à écrire. Et il n’arrête pas une seule fois de se battre. Il cherche du sens. L’écriture lui en apporte.
TL : Qu’est-ce qui vous a plu dans le roman de M. Murphy ? Sur le fond et la forme, j’entends ?
EB : Je l’ai trouvé d’une redoutable cohérence. Il est centré sur un seul personnage, l’histoire se déroule de façon linéaire, mais à chaque pas on avance un peu plus avant dans la folie du personnage, dans sa frustration. L’écriture est ce qui donne un sens à sa vie et… (rires) recourir à l’écriture pour se soigner – parce que c’est que fait Ojeda, non ? – c’est déjà une sorte de folie, vous ne trouvez pas ? Maintenant si on revient au style, je le trouve clair, heu… limpide. Ses phrases sont sans détour ; elles expriment ce qu’il est besoin d’exprimer.
TL : Elles sont franches ?
EB : Oui franches, directes.
TL : Merci infiniment, M. Burgos, d’avoir bien voulu me recevoir. Cet entretien a été très enrichissant.
EB : Merci à vous.
(Propos receuillis par Toute Latitude - 25 octobre 2007)
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