Avant-propos

Après la parution en français de son incroyable premier roman, L'Enfermement d'Ojeda (Éditions Toute Latitude, novembre 2006) la nécessité de parler de Martín Murphy, de son oeuvre, de ses romans à venir s'est imposée d'elle-même.
Martín Murphy est prêt à échanger directement avec vous sur les thèmes qui lui tiennent à coeur, comme celui de la littérature sud-américaine dont on entend tellement peu parler dans l'hexagone.

Qui que vous soyez, n'hésitez donc pas à lui écrire un message !

lundi 29 octobre 2007

Interview d'Eduardo Manet

Eduardo Manet est écrivain, membre du jury Juan Rulfo.
Toute Latitude : M. Manet, pouvez-vous nous dire ce que furent vos premières impressions à la lecture de L'Enfermement d'Ojeda ?

Eduardo Manet : Oui, alors, ce qui m’a frappé en premier, c’était son ton, très personnel. Je vais vous dire quelque chose : je n’aime pas les journalistes qui ne peuvent s’empêcher d’établir une comparaison entre telle et telle œuvre ou tel ou tel écrivain. Dès que l’on parle d’un roman de qualité d’un auteur sud-américain, on pense tout de suite à Borges. Non… il faut parler du livre en soi ; et ici, c’est son ton particulier qui m’a pris tout de suite ; c’est ça qui m’intéressait.

TL : Comment s’est déroulée la délibération ? Vous pouvez nous raconter un peu comment ça s’est passé ?

EM : Oh, vous savez, un jury n’est jamais unanime, ou alors c’est très rare. Mais ce qu’il est important de dire, c’est que notre décision a été juste et honnête. Nous ne subissons aucune pression, aucune influence des éditeurs ou d’autres lobbies comme c’est le cas pour d’autres Prix… c’est pour ça que je participe au jury de ce Prix depuis si longtemps.

TL : Depuis combien de temps ?

EM : Oh… heu… je ne m’en souviens pas.

TL : (Rires). Très bien. Selon vous, qu’est-ce qui a séduit le jury dans L'Enfermement d'Ojeda ?

EM : Et bien c’est simple : nous sommes tombés d’accord pour dire que ce roman ouvrait une voix – v-o-i-x – singulière qui pouvait ouvrir sur une voie – v-o-i-e – intéressante. Mais pour revenir à votre question, ce qui nous a plu, c’est ce mélange d’imagination, de réalité et de fantaisie.
Si je peux me permettre d’ajouter quelque chose, j’aimerais préciser que la situation des auteurs en Amérique latine aujourd’hui est très particulière. Dans les années 1960-1970, on a assisté en France à un boum qui a révélé de grands auteurs sud-américains aux yeux des lecteurs français comme García Marquez par exemple. Une fois ce boum passé, ces derniers ne croyaient plus vraiment à un mouvement littéraire réel sud-américain. De nombreux auteurs en souffrent eux-mêmes : un ami poète chilien m’a dit qu’écrire de la poésie aujourd’hui, ou se présenter comme tel, était presque impossible à cause de l’ombre de Pablo Neruda, vous voyez ? Aujourd’hui, les écrivains peinent sous ce poids. C’est comme… c’est comme une guérilla ! Et certains de ces écrivains sont de bons guérilleros. Moi je crois que si un écrivain apporte quelque chose de nouveau à la littérature, il est important qu’il soit reconnu comme tel.

TL : Merci pour tous ces éclaircissements M. Manet. C’était très instructif.

(Propos recueillis par Toute Latitude - 29 octobre 2007)

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